mardi 3 janvier 2012

Les émotions de bases chez les mammifères (selon Jaak Panksepp)


Les circuits affectifs de base du cerveau des mammifères (appliqués aux enfants dans ce texte)
On compte au moins sept types primaux de systèmes émotionnels dans le cerveau de tous les mammifères. 
Tous les systèmes sont situés dans la région sous-corticale.
Chaque système comporte un grand nombre d’éléments descendants et ascendants qui s’unissent pour coordonner les comportements émotionnels instinctifs, les changements physiologiques autonomes et les sentiments bruts. 
C’est au cours de l’apprentissage que ces systèmes sont activés et régulés par des mécanismes qui s’enclenchent dans les régions supérieures du cerveau. 


Les sept systèmes pour lesquels les résultats sont actuellement abondants sont les suivants : 


1. Le Système RECHERCHE/Désir 
Ce système de but-général d’appétit et de motivation est essentiel au fonctionnement  efficace de tous les autres systèmes émotionnels. Par conséquent, il est à l’origine de tous les autres, car il nous pousse à explorer le monde et à nous y ouvrir avec une curiosité et un intérêt fervents, ce qui produit un grand apprentissage spontané et  peut se transformer en structures d’habitude (dans les noyaux gris centraux) et en structures de connaissance (dans le néocortex). 
La RECHERCHE  permet aux animaux et aux humains de trouver et d’anticiper avec enthousiasme toutes sortes de ressources dont ils ont besoin pour survivre, comme l’eau, la nourriture et la chaleur, mais également la créativité et les engagements enjoués qui favorisent le développement de nombreuses compétences, dont celles liées à la PASSION et aux SOINS. 
D’un point de vue pathologique, ce système explique l’ensemble des dépendances aux drogues artificielles (p. ex., cocaïne et héroïne) et sur les compulsions naturelles (jeu, sexualité obsessionnelle, etc.). 
Les circuits de  la RECHERCHE ont été appelés le « système de récompense/plaisir du cerveau », mais celui-ci correspond plutôt à la sensation d’euphorie ressentie lorsque l’on participe avec le monde de façon enthousiaste. Les enfants ont besoin qu’on leur offre de nombreuses occasions de faire fonctionner ce système d’exploration. 


2. Le Système RAGE/Colère
Lorsque le système de la RECHERCHE est entravé, cela cause de la RAGE/colère/agressivité (p. ex., il suffit d’empêcher un bébé de faire quelque chose pendant un court instant). Tous les enfants ont plusieurs expériences avec ce système au cours de leur développement. L’objectif devrait être d’aider les enfants à maîtriser cette capacité de l’esprit et de minimiser son influence sur le développement de la personnalité. 


3. Le Système PEUR/Anxiété. 
Les circuits de la PEUR aident l’ensemble des mammifères à réduire la douleur et les risques de destruction. Ils nous encouragent à rester figés sur place lorsque le danger est au loin et à nous enfuir lorsqu’il est près. 
Ce système nous conditionne rapidement et  favorise ainsi l’apparition de troubles traumatiques et d’autres problèmes psychiatriques. Les enfants  doivent apprendre à faire face aux vicissitudes détectées par ce système en utilisant des moyens adaptés à leur âge et en le faisant dans des milieux fondamentalement sécuritaires. 


4. Les Systèmes de PASSION/sexuel typiques mâles et femelles 
Gravés dans le cerveau des nourrissons au cours des premiers mois du développement (pendant le deuxième trimestre chez l’être humain), ils favorisent l’apparition d’une forme de sexualité chez l’enfant et « prennent vie » à l’adolescence alors qu’une sécrétion massive d’hormones sexuelles produites par les testicules, les ovaires et les surrénales entraîne la maturité sexuelle de façon typiquement féminine et masculine. L’atteinte de cette maturité est guidée par des processus chimiques différents qui s’opèrent dans cerveau, en particulier la sécrétion de l’ocytocine et de la vasopressine. Étant donné que les caractéristiques sexuelles liées  au cerveau et au reste du  corps sont organisées de façon indépendante, les opportunités face  à l’adoption d’identités et de rôles généralement attribués à l’autre sexe sont grandes. Les parents sensibles devraient trouver des moyens pour que leurs enfants ne se sentent pas coupables de ce qu’ils sont devenus, de façon à minimiser les divers problèmes de personnalité pouvant survenir l’âge adulte. 


5. Le Système SOINS/Dévouement maternel 
L’évolution du cerveau a fait en sorte que les parents mammifères (généralement les mères) prennent soin de leur progéniture avec enthousiasme et a assuré l’apparition d’un sentiment de capacité à agir que les pères peuvent acquérir. De plus, les jeunes enfants semblent  avoir une affinité naturelle à prendre soin des personnes et des choses  qui les entourent, ce que l’on constate en voyant leur amour des animaux et de certains jouets comme les poupées. 
L’éveil des SOINS est assurément important pour certaines variantes de l’amour et mérite d’être soutenu et encouragé chez les enfants. 


6. Le Système PANIQUE/Détresse de séparation 
Tous les jeunes mammifères dépendent des soins de leur mère pour survivre. Les systèmes de SOINS de la mère agissent en synergie avec les réactions émotionnelles des enfants, de façon particulièrement intense lorsqu’ils se perdent : les cris qu’ils poussent en raison de la séparation suscitent aussitôt un sentiment de PANIQUE chez la mère, ce qui motive la réunion. Si la période de détresse de séparation dure trop longtemps, un affect dépressif est stimulé, et ce, peu importe l’âge. Ce réseau affectif est régulé par les systèmes cérébraux des opioïdes, de l’ocytocine et de la prolactine, qui procurent un confort social, ce qui favorise la création de liens d’attachement. Sans l’établissement de bases neuroaffectives solides en début de vie, les enfants ont tendance à devenir des adultes anxieux qui sont plus susceptibles de souffrir de dépression et d’éprouver différents problèmes d’insécurité, comme des troubles de la personnalité limite. 


7. Le Système du JEU/Bagarre et de l’engagement-social physique
Les jeunes enfants, comme la plupart des mammifères immatures, éprouvent de fortes envies de s’adonner à des jeux physiques, ce qui les amène naturellement à se pourchasser, à s’ébattre et à se bagarrer, tout ceci souvent accompagné de cris joyeux et de rires. Une étude approfondie des réseaux du JEU social chez les animaux a montré qu’ils permettent une socialisation d’adaptation  qui contribue à l’acquisition de beaucoup d’habiletés sociales qui ne sont pas codées génétiquement dans le cerveau. Le jeu social peut réduire l’irritabilité chez l’adulte (la  RAGE) et promouvoir l’adoption d’attitudes prosociales grâce à l’apprentissage et à la formation épigénétique d’autres 
systèmes émotionnels. Cette « centrale électrique » émotionnelle, étroitement liée à la RECHERCHE, mérite de recevoir le soutien et l’attention des parents ainsi que de la société si l’on veut pouvoir réduire le nombre de problèmes de santé mentale, tels que le TDAH chez l’enfant et la dépression chez l’adulte. 


Panksepp J. Développement de l’enfant et les circuits émotionnels du cerveau des mammifères. Lewis M, ed thème. In: Tremblay RE, Boivin M, Peters RDeV, eds. Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants [sur Internet]. Montréal, Québec: Centre d’excellence pour le développement des jeunes enfants et Réseau stratégique de connaissances sur le développement des jeunes enfants; 2011:1-6. Disponible sur le site:  http://www.enfant-encyclopedie.com/documents/PankseppFRxp1.pdf. Page consultée le 02/01/2012]. Copyright © 2011




A savoir :

Le système de base de type RECHERCHE est celui qui est utilisé dans les techniques d'apprentissage dites à "renforcement positif", elles stimule la curiosité qui stimule l'apprentissage par le plaisir de la recherche de solutions agréables pour l'animal.


A l'inverse, les techniques qui utilisent des émotions de type RAGE, PEUR et PANIQUE sont celles liée aux techniques dites de "renforcement négatif," "punition positive" et "punition négative".


Curiosité mutuelle

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